Il semblerait que mon problème de régularité par ici vienne de ce que je n’ai pas réussi à reprendre ma routine du mardi soir depuis septembre, routine qui était d’écrire pour le blog… Et force est de constater – une nouvelle fois – que si je n’y dédie pas un temps spécial, ce temps ne se présente pas à moi tout seul… (je le sais, pourtant ^^, et puis, c’est comme pour tout ma bonne dame !… bref…)

Mais la vérité est que j’ai bien envie de retrouver cette routine, et que la date butoir pour mon sujet d’aujourd’hui m’en donne peut-être l’occasion.

Le sujet se trouve dans le titre, « Double-fil » étant le nom d’un concours proposé sur Thread & Needles.

Cela fait un moment que je n’ai pas participé à un concours ou défi. J’ai souvent des projets en cours et pas l’occasion ou l’envie de les décaler, alors cela ne s’était plus présenté. Mais cette fois, le thème du concours m’a inspirée une idée qui respectait ma contrainte personnelle de « non-exagérément-long-et-compliqué » ! La lecture de l’article de présentation a assez vite réveillé certaines idées dans mon esprit, qui existaient déjà à l’état de projet, ou qui se sont associées. Et je pense que l’idée de mettre en oeuvre certains projets qui me trottaient dans la tête était motivant !

Pour être plus précise, l’objet du concours est de coudre un vêtement en utilisant deux techniques des arts du fil, la couture comptant pour une technique. J’ai choisi de mêler la couture avec le macramé, mais aussi avec des smocks.
Et une fois n’est pas coutume, les photos ne seront pas de moi, car j’ai eu envie de demander à ma cousine de les prendre (bien m’en a pris d’ailleurs). Je me suis donc prêtée au jeu de poser en suivant les instructions de quelqu’un… Ce qui est assez agréable, et aussi reposant car c’est beaucoup plus simple que d’essayer de faire la mise au point sur soi-même en faisant de multiples aller-retours avec trépied et télécommande ! Je la remercie donc, car cette petite séance m’a fait du bien…

                         1)  Inspiration

L’idée qui m’est venue est de coudre la robe Hilo de Friday Pattern Company (photo 1 ci-dessus)(vous pouvez cliquer sur les photos pour voir les légendes). Elle me tournait dans la tête depuis sa sortie et j’en avais cousu deux versions cette été. Une pour tester, mais que je risque de peu porter finalement (à cause de la couleur et de la longueur), et une autre que j’ai déjà montrée sur Instagram (photos 2 et 3).
Je souhaitais coudre, un jour, une autre version de ce patron, et j’avais notamment remarqué une version noire sans la partie du dessus (photo 4) et une version rallongée par un parement contrastant (photo 5) (provenances de ces deux photos : Instagram, @fridaypatterncompany et @julecatrin). Ma version serait donc noire sans ‘volant’ et rallongée, en utilisant tout de même un parement dans le même tissu, afin de donner légèrement plus de structure au bas de la robe, et d’éventuellement faire un contraste très léger en utilisant l’envers du jersey.

Je suis partie dans l’idée de faire des bretelles en macramé. J’avais appris à en faire il y a une quinzaine d’année dans un livre appartenant à ma mère, et datant des années 70 🙂 J’avais fait quelques réalisations mais plus depuis très longtemps ! J’aime bien cette technique et j’ai saisi l’occasion d’en refaire.
Les bretelles de la robe ont une dimension raisonnable, qui pouvait bien s’adapter au macramé. J’ai alors cherché un modèle qui me plaisait, sur Internet en général et sur Etsy en particulier. J’ai d’abord cherché des modèles de ceinture pour avoir la largeur que je souhaitais, puis j’ai regardé les bracelets. J’ai trouvé le modèle Gothic Tracery de Knot Just Macrame (photo 6), qui comprenait en plus quelques perles.

Et puis comme j’avais depuis longtemps en tête certaines épingles Pinterest (photos 7 et 8) de liens habillant un dos-nu, je me suis dit que c’était l’occasion de tester (quitte à laisser tomber l’idée si jamais ce n’était pas satisfaisant).

Enfin, cela fait longtemps que je me dis que je veux tester les smocks en écaille de dragon que l’on voit sur Pinterest. Il s’agit d’une technique employée sur une des robes de Daenerys (photo 9) dans la série Game of Thrones, et le thème de concours m’a paru être l’occasion ou jamais. Là aussi, le macramé et la couture suffisant à valider ma participation au concours, je me disais que je pouvais laisser tomber si le rendu ne me plaisait pas.

                         2)  Le matériel

Je ne me suis pas posée de question pour le tissu : le jersey modal que j’avais utilisé pour ma Hilo couleur eucalyptus est juste parfait pour ce modèle. Souple, un peu ferme, très fluide et dansant, c’était la matière qu’il me fallait. Je l’avais trouvé chez Little Fabrics, et ils en avaient un équivalent en noir. Pour les bretelles, il me fallait un fil à macramé très fin ; en fait, celui qui est utilisé pour faire des bijoux en macramé, le fil à micro-macramé. Après discussion avec la créatrice de mon modèle, celui-ci était assez étroit. J’avais prévu d’utiliser un fil plus gros et elle m’a indiqué les références de perles et de fil qui pourraient convenir. J’aurai bien voulu prendre un fil de lin ciré, mais il me semble qu’il n’y en avait plus au moment de mon achat, et de toutes façons il n’était pas assez épais par rapport à mon besoin. Du coup j’ai pris le fil C_LON Tex 400 Bead Cord 0,90 mm. Pour les perles, j’ai acheté de la Rocaille Toho 6/0. J’ai comparé plusieurs couleurs au moment de les utiliser, pour les voir en situation réelle, et finalement utilisé la couleur Metallic Amethyst Gunmetal.
J’ai également acheté le cordon pour le dos chez Perles and Co, et j’ai choisi un fil nylon torsadé de 2 mm . J’étais un peu hésitante car là j’aurai vraiment eu besoin de le voir en vrai, mais j’étais contrainte par le temps (pensais-je), et par l’espace, assez grand à mon goût entre moi et les magasins adéquats.

 

                         3)  La réalisation

Les bretelles : j’ai, forcément, mis plus de temps à les réaliser que je ne le pensais. Mais une fois que la séquence est mémorisée, cela va assez vite. Je n’avais pas de support particulier, alors j’ai utilisé la boîte en carton que je garde pour les enfants, quand ils veulent faire du spirographe. J’ai fixé mon ouvrage sur une épingle à nourrice, que j’ai bloqué sur le carton avec des épingles tout court (voir la photo 10, ci-dessus). J’ai arrêté le travail par un rang de noeuds supplémentaires, pour pouvoir stopper le tout et coincer la bretelle dans la couture sans trop de sur-épaisseur. Pour l’anecdote, j’ai dû démonter mes deux épingles à nourrice car je ne m’étais pas posée la question de savoir sur quelles branche fixer les fils… que j’ai bien sûr fixé sur la branche qui n’a pas la pointe… 🙂
J’ai un peu peiné pour les fixer : d’abord, car ce n’est pas évident de maintenir les bretelles juste au bon endroit ; et ensuite, car j’aurai dû modifier le patron en amont pour l’adapter à mes bretelles qui sont un peu moins larges que prévu. Au lieu de cela, j’ai coupé selon le patron, puis bidouillé en cousant, ce qui est plus long et plus imprécis… Je pense que le rendu final est tout de même symétrique (à l’oeil en tout cas), mais cela m’a pris du temps !

La robe : J’ai un peu hésité sur le type de finition à apporter aux encolures, puisque je n’utilisais pas la partie supérieure, plus courte, du patron. Initialement je pensais partir sur des bandes rapportées comme pour les t-shirts, en assez fin, mais j’ai finalement préféré avoir une parementure pour pouvoir y coincer les bretelles plus joliment. J’ai donc utilisé le même patron que pour la robe, en le coupant quelques centimètres sous le bas du dos-nu. Je ne l’ai pas sous-piquée, car cela me réussi rarement avec le jersey.
Pour la construction de la robe, je n’ai utilisé la surjeteuse que pour les couture verticales, c’est-à-dire celles des côtés de la robe et de la parementure. Pour les encolures j’ai cousu au point droit, afin que l’épaisseur du surjet ne pousse pas la parementure vers l’extérieur (ce que j’avais eu sur ma toute première version). Et pour le parement du bas de la robe, qu’on devine finalement assez peu sur les images, j’ai aussi utilisé un point droit pour ne pas créer trop d’épaisseur. Je n’ai pas fini les marges, que j’ai même repassées ouvertes, afin d’avoir un rendu assez lisse, sans bourrelet. Je pense que j’ai bien fait, car le résultat obtenu me convient (photos 14 et 15).
Ce parement qui rallonge la robe, j’en ai estimé la longueur en portant ma robe verte. Il fait donc 25 cm de long, plus les marges (pour info je mesure 1,70 m). Il est dessiné dans le prolongement de l’évasement de la robe. J’ai fait un ourlet d’environ 2 cm (un peu moins, 5/8″), en fait la largeur de mon ustensile à ourlet sur la recouvreuse (photo 16). J’ai raccourci l’ensemble d’1,5 cm après essayage, en reprenant la couture du parement d’une largeur de pied de biche.

Les liens du dos : j’ai d’abord tenté un effet du type de la photo 7. L’idéal aurait été de prendre les fils dans les coutures, mais j’avais trop peur de vouloir tout découdre et d’abîmer mon tissu. J’ai fixé les bretelles après coup, avec des points à la main. J’ai placé les fils directement sur la robe (photo 11), mise sur mon mannequin, en m’appliquant pour être régulière. Et en sachant, que ça pouvait très bien être moche, car je ne trouvais pas mon fil très convaincant… Cela n’a pas manqué, le fil est trop léger, peut-être un peu large, et conservait la torsion de la bobine. J’ai envisagé de les tendre plus, mais cela aurait tiré sur le décolleté du dos et été disgracieux… J’ai alors TOUT décousu (après avoir passé du temps à coudre, mais c’est ainsi), enfin presque tout, puisque j’ai laissé deux liens, en les déplaçant. Ils ne se tendent pas non plus parfaitement, mais c’est moins choquant avec seulement un croisement.

Les smocks en écaille de dragon : Michele Carragher, brodeuse de la robe de la série a mis a disposition des explications pour la méthode, que vous pouvez retrouver ici. Elles sont très claires, et je m’en suis servie pour broder. J’ai essayé d’obtenir une sorte de triangle (j’ai fait 11 points en largeur, sur 20 cm de haut, et ensuite encore 10 cm de haut avec moins de points en largeur). J’ai smocks deux pièces ainsi, sans avoir de certitude quant au placement que je ferai. J’ai ensuite cherché un placement qui rendrait bien, avec l’aide de mon mari. Mon postulat de départ était de ne pas avoir de symétrie… pour finalement revenir à quelque chose de symétrique après avoir cherché en vain autre chose. Nos différents essais ne nous ont pas satisfaits, et les placements qui arrivaient à la taille élargissaient visuellement la robe. Au final, c’est placé des bretelles vers la poitrine. Je les ai repassés, pour aplatir, mais cela est moins efficace avec un jersey qu’avec un tissu tissé. J’aurai en l’occurence préféré que ce soit plus plat. Je les ai ensuite fixés avec un point de feston. En cours de route, j’ai constaté qu’une fois cousus, les smocks me paraissent trop, comment dire… indépendants, posés là. J’ai alors rajouté quelques points dont parle la brodeuse dans les instructions, en lockstitch, mais assez peu pour un rendu du coup discret. Je n’ai pas eu le temps de pousser la réflexion plus loin pour ce sujet car j’ai terminé juste avant d’aller faire les photos…

                         4)  Les photos !

Voici donc le résultat, porté. Je me sens bien dans cette robe. La consigne (non éliminatoire) du concours est qu’elle doit être portable au quotidien, j’estime que je suis dans les clous car : elle est noire, donc assez polyvalente ; elle peut être portée aux Réveillons ; elle peut éventuellement être portée en été avec des sandales ; et je peux même tenter avec des bottines et un pull ample en automne.

                         5)  Perspectives d’amélioration

  • Mon histoire de smocks, elle mériterait d’être un peu creusée. A mon avis il faut rajouter des textures pour que les deux éléments ne semblent pas tombés du ciel. On m’a aussi dit que si j’en rajoute un peu de chaque côté jusqu’à la bretelle, ça suffira à donner du sens. A tester…
  • Je ne sais pas si les liens du dos apportent vraiment quelque chose, mais je pense que j’essaierai de trouver le bon fil pour, un jour, obtenir mon idée de départ (photo 7). Il faut un fil qui aie une sorte de poids, voire qui soit crocheté en chaînette ? Ou bien une chaînette en métal justement… A creuser aussi, mais ça me demandera encore du temps.
  • Et pour les bretelles, je suis satisfaite, si ce n’est que je préférerai le rendu d’un fil en fibre naturelle. Peut-être le fil de lin dont je parlais plus haut ; ou bien un fil de coton. Bref, une version 2.0 de cette robe est envisageable, ce qui à la fois témoigne de quelques insatisfactions, mais aussi du fait que je l’aime et que je souhaite l’améliorer ! Quand je veux refaire une robe quasi à l’identique, c’est souvent bon signe sur l’affection que je lui porte !
  • J’en referai peut-être un jour une version simple, sans smocks, sans liens, éventuellement en couleur. Le tombé du tissu est primordial, mais ensuite la robe bouge de manière très plaisante. Bref, c’est une robe que j’ai encore envie de décliner.
  • Et quoi qu’il en soit, ma fille adore ma robe, elle voit les smocks comme des ailes de papillons, et voudrait exactement la même… Alors moi du coup, tout le reste, je l’oublie ! 😍😍

Et pour mémoire :

PATRON : robe Hilo de Friday Pattern Company
TISSU : jersey modal noir  de chez Little Fabrics
MATERIEL A MACRAME : Perles and Co (descriptif au paragraphe 2)

PHOTOGRAPHE : Fraise des bois Photography
AUTRE REALISATIONS DU CONCOURS : ici.

Etant donné mon assiduité limitée, je n’ose pas vous dire à la semaine prochaine, mais tout de même, à très bientôt !

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